LA TETE DE PONT D’ARNAVILLE
By thanksGIspar Alain GOZZO (Association THANKS GIs, Corny )
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Le 8 septembre 1944, estimant que la mise en place d’une tête de pont face à Dornot serait une opération extrêmement délicate, l’Etat Major américain décide qu’un autre site de franchissement de la Moselle est envisageable plus au sud, à Arnaville. Comme pour Dornot, ce secteur dépend de la 5ème Division dlnfanterie américaine, celle dont l’insigne est le RED DIAMOND (le diamant rouge représenté par un losange de cette couleur). Cette division, commandée par le Général IRWIN LEROY, fait partie du XXème corps américain, lui même partie intégrante de la IIIème Armée du Général PATTON.
C’est au Colonel Robert P. BELL et à son 10ème régiment qu’échoit la mission d’installer la première tête de pont durable sur la rive droite de la Moselle. Le premier assaut est mené dans la nuit du 10 septembre par des éléments du 10ème Régiment qui traversent la rivière en barques. Les objectifs sont Arry et le bois des Anneaux, la côte de Faye et le bois de Gaumont. Face à eux, des troupes allemandes fanatisées et extrémistes, dont certains éléments de la 17 SS PANZER GRENADIER, qui vont faire subir de très lourdes pertes aux GIs, quelquefois dans des combats menés à la baïonnette ou au corps à corps.
Dans les jours suivants, les unités du génie américain travaillent sans relâche et s’évertuent à construire des ponts pour enjamber la Moselle. Bien que, pour la première fois dans l’histoire de la IIIème Armée, des générateurs de fumée aient été mis en place pour masquer le site à l’ennemi, les soldats du génie subissent un déluge de fer et de feu venant des hauteurs d’Arry et des forts environnants, dont ceux du par trop célèbre Fort DRIANT.
Les éléments de ponts mis en place seront, pendant des jours et des nuits, presque systématiquement détruits à peine construits, et ce au prix de dizaines de vies américaines. La météo s’en mêle et il pleut sans discontinuer. La Moselle monte, son courant est fort, les troupes pataugent dans la boue, les blindés s’y enlisent … Tout le secteur devient un véritable enfer pour les libérateurs…
Mais le village d’Arnaville paie lui aussi très cher sa libération. Intensivement bombardés par les allemands, périodiquement noyés dans la fumée des générateurs, les villageois vivent dans leurs caves, dans la peur et l’angoisse. Dans la rue principale de la cité, les soldats grouillent, les blessés affluent, les morts sont remontés du front par camions entiers. Une vraie vision de l’horreur. Parfois, on apercoit un groupe de prisonniers allemands, hébétés et hagards ….Les troupes américaines fraîches arrivent, croisant les convois de camarades morts pour regagner la liberté….
Le 16 septembre 1944, la bataille d’Arnaville est virtuellement terminée. La conjonction des forces d’infanterie et des unités blindées est venue à bout de la résistance allemande qu’elle a forcé à reculer. Seul le village de Corny, sur la gauche, occupé par des SS déterminés, tient encore… Plusieurs ponts lourds ont été mis en place sur la Moselle et le gros des troupes peut enfin traverser. La formidable armada que représente la 5ème Division US empruntera finalement ce passage très chèrement acquis, car les pertes sont lourdes…
Côté américain, et rien que dans le lOe Régiment, quelques 24 officiers et 674 hommes de troupes sont morts ou blessés. Ajoutés aux 945 de Dornot, ces pertes dépeignent un bien sombre tableau du coût de la liberté. Et nous ne parlons pas des civils arnavillois qui, eux aussi, ont payé très cher leur droit à la liberté… Mais la tête de pont est établie, Arnaville libéré… et les GIs de la 5ème reprennent leur inlassable marche vers la forteresse Metz et les frontières du Reich….
A.G.