La Batterie Moselle
By thanksGIsL’annexe du Fort Driant - La Batterie Moselle
Position de la Batterie par rapport à l’Ouvrage Fortifié Driant
Description de l’ouvrage
C’est une batterie de 2 canons de 105 mm longs renforcés. Elle est située en contrebas du Fort Driant à une distance de 80 m environ de ce dernier
Sa mission : en collaboration avec le « Feste Haeseler » (Groupe Verdun composé des forts St Blaise et Sommy), elle doit interdire l’accès à la vallée de la Moselle par le Sud ; mais aussi tenir sous son feu la ligne de chemin de fer Nancy-Metz, donc interdire toute circulation ferroviaire et en 3ème : tenir sous son feu les ponts sud .
Au départ, elle est armée de 2 canons de 105 mm courts, mais ils sont échangés contre 2 canons longs issus du Fort Leizig (Fort de Guise), lui aussi Fort de Défense de la 2eme ceinture de Metz : Plus le canon est long, plus la poussée des gaz s’applique à l’obus et plus grande sera la distance de tir.
Sa défense propre est assurée par un réseau de barbelé de 20 à 25 m de large, des emplacements protégés pour mitrailleuses.
La batterie n’est pas reliée au Fort Driant par un souterrain.
L’équipement électrique est alimenté par une centrale propre à la batterie. Cette centrale fonctionne grâce à deux moteurs à alcool de 12 chevaux chacun.
Le chauffage est assuré par poêle.
Il existe un central téléphonique indépendant mais relié au réseau souterrain du Fort Driant.
Le canon de 105 mm long :
Longueur du canon : 3,5 m
Portée : 10,8 km
Cadence de tir : 9 coups par minute.
Poids du projectile : entre 16 et 18 kg
Protégé par une coupole d’acier de 150 mm renforcé par 40 mm de tôle. La coupole pèse 14,8 tonnes pour un diamètre de 3,20m et toute la tourelle et son mécanisme pèse 78 tonnes.
La dotation est de 3000 coups par tourelle.
L’effectif :
Constitué de 3 équipes qui se relayaient. Chacune d’elle comprenait :
1 officier
6 sous officiers
30 artilleurs
La remise en état :
Laissée à l’abondon jusqu’en 1944, elle fut « redécouverte » le 8 septembre 1944 par le Hauptmann HINKMANN, commandant adjoint de la compagnie lourde du Fahnenjunkershule 6 de Metz (école des officiers).
Ils trouvent un grand nombre d’obus stockés dans le Fort Driant mais les fusées françaises ne conviennent pas et c’est en « fouillant » d’autres forts de la place de Metz qu’ils trouvent les bonnes fusées.
Le 9 septembre, un jeune lieutenant est désigné pour la prise en charge de la Batterie Moselle. Il prend cette nouvelle fonction avec beaucoup d’enthousiasme et le 10 septembre, peu après minuit, un premier tir test est effectué. Mais l’obus n’explose pas à l’impact. Le 2ème tir réussit et aussitot, les champs de tir sont dégagés, les monte-charges pour les munitions sont remis en fonction. Les pourvoyeurs s’entrainent et les canonniers sont instruits.
« Pose » sur le toit de la Batterie Moselle
On devine parfaitement la vue sur la vallée dont disposait la batterie.
Source : ADFM
Les tirs :
Le 10 septembre au matin, la Batterie Moselle effectue des tirs durant plus de 2 heures sur les troupes US. Le premier objectif est un rassemblement de véhicules (peut-être au dessus de Dornot). Le second objectif est la Tête de Pont de Dornot elle-même et de nombreux équipements de pontage américains sont détruits.
La réponse US ne se fait pas attendre et aidés par un avion d’observation, ce sont les artilleries légères et moyennes qui ouvent le feu sur la Batterie.
Le 11 septembre, l’artillerie lourde (canons de 210 et 240 mm) américaine se déchaine contre la Batterie mais cette dernière ouvre quand même le feu sur les Gi’s qui ont traversé la Moselle à Arnaville faisant subir de lourdes pertes à ces derniers. Les obus employés etaient du type « anti-personnel Schrapnell ».
Pendant les combats, la tourelle gauche reçoit un coup direct qui tue 3 hommes mais 1 heure et demie plus tard, le canon est de nouveau opérationnel avec 3 nouveaux volontaires.
Le 12 septembre, le tube gauche explose à cause d’une ceinture d’obus défectueuse. Un autre canon, trouvé dans le corridor du fort est immédiatement monté à la place de l’autre
La fin de la batterie Moselle :
Vers la fin du mois d’octobre, une des tourelles reçoit un coup direct qui la fausse (un artilleur allemend avait « oublié » de la redescendre en place).
La batterie devient alors génante dans le dispositif de défense mis en place par les allemands. Devant le risque de la voir tomber au mains des américains et surtout à cause du manque d’artilleurs confirmés, il est décidé de la faire sauter. Son équipage rejoint alors le Fort principal qui ne se rendra qu’en décembre 1944 (voir par ailleurs)
Plan en coupe et vue dessus du type de tourelle qui équipait la Batterie Moselle
Obus de 155 mm Shrapnel (celui de 105 mm utilisait le même principe)
Annexe : Rapport du Fahnenjunkerschule VI concernant la remise en état de la Batterie Moselle et les combats de septembre.,
NB : Certains passages du rapport peuvent faire l’objet de « doublons » avec la description ci-dessus. Pour des raisons historiques, le texte est complet, sans coupure.
C’est ce rapport (entre-autre) qui a fait que la décision de la création de la Bande de Bras « Metz » a été prise par Hitler.
LA REMISE EN ETAT DE LA ‘‘BATTERIE MOSELLE ’’
Près d’Ars -sur -Moselle, sur le front tenu par les positions du 3 ème. Bat. se trouve, situé sur une hauteur, le Fort Driant avec ses casemates, ses forts et ses batteries démantelés. Un peloton renforcé garde et sécurise dans des avants postes le vieux fort de toute occupation ennemie .
Lorsque l’ennemie progresse à travers le Bois des Ognons, vers la rivière Moselle et essaye de traverser celle-ci en force prés de Dornot et Ancy ( dans le but d’encercler Metz par le Sud ), une attaque ennemie contre notre ligne de combat au Nord du village d’ Ancy est repoussée avec de lourdes pertes pour l’assaillant.
Le 8 septembre, au cours d’une inspection de ses positions de combat, le Hauptmann HINKMANN, commandant adjoint de la compagnie lourde, trouve à l’ extérieur du fort, le canon démonté d’une des batteries ( Nota :les canons avaient été prélevés pour le ’ Mur de l’ Atlantique ). Sont aussi trouvés un grand nombres de grenades, de cartouches et d’obus dans un des bunker. Serait – il possible de faire feu avec ces batteries construites 10 ans avant la grande guerre ? Elles ont été apparemment oubliées et pas encore détruites.
Une opportunité s’offre alors à nous ! L’ennemi est à 2 Km de notre ligne de front et une importante bataille pour une tête de pont sur la rive Est de la Moselle est en cours, et ici, nous avons une batterie de canons sous tourelles avec 30 cm.de blindage de chez Krupp mais qui date de 1904, mais avec l’avantage d’être sur une hauteur avec une vue directe de la tête de pont. La chance du soldat est une fois de plus favorable envers nous ! Excepté que les fusées pour les obus, qui sont rangés dans des grandes caisses, sont françaises. Bien ! il faut trouver les bonnes fusées. Elles ne sont pas dans les casemates du fort. Mais un peloton va regarder dans les autres forts et les dépôts de munitions de la région et le lendemain après- midi les bonnes fusées sont rapportées.
L’ennemi a une bonne vue de la ‘’Batterie Moselle’’ car il domine le terrain qui est en pente et le dôme des tourelles est parfaitement visible. C’est seulement durant la nuit que nous pourrons effectuer un premier test de tir. C’est à un jeune lieutenant, formé aux nouvelles armes de l’infanterie que ces tourelles blindées avec leurs vieux canons de quarante ans d’âges sont confiées. Il prend cette nouvelle tâche avec beaucoup d’enthousiasme.
Quelques minutes après minuit, les canons sont prêt à tirer. Il faut maintenant faire feu et nous nous demandons si nous entendrons l’impact du projectile sur l’autre rive de la Moselle. L’attente est vaine . Est-il possible que les autres obus, eux aussi, n’ explosent pas ? Le second canon fait feu. Après de longues secondes d’attente, hourra ! Nous entendons distinctement l’explosion de l’obus. Le travail de ces dernières 36 heures vaut ces quelques instants.
Toujours la même nuit, l’équipage de la ‘’Batterie Moselle’ est formé. De nouveaux lieutenants y sont affectés,ainsi que des gens de la marine et des volontaires sérieux. Durant les cinq dernières heures de la nuit, ils travaillent dur. Les champs de tir sont nettoyés, les monte – charges pour les munitions sont remis en fonction, les pourvoyeurs sont entraînés et les canonniers sont instruits. Nous avons fait de notre mieux et lorsque l’ennemie voudra bien nous attaquer nous le détruirons.
10 Septembre : Les lieutenants sont maintenant impatients. Le Hptm. HICKMANN, commandant la compagnie, prend place dans un observatoire cuirassé . En bas de la côte, à 2 km de notre ligne de front, se trouve le village d’Ancy et la Moselle. Les américains, imprudents et ne nous suspectant pas font mouvements aux alentours. Camions et véhicules blindés circulent de long en large. Sur la gauche du village des bateaux en caoutchouc et de l’équipement du génie sont transportés vers les points de franchissement.
‘’ Canon de droite , distance 2300 , déflection 2600 , prêt à faire feu ? ‘’ Les commandements sont donnés simplement par un mégaphone ‘’ Canon droit prêt pour le tir ‘’ et l‘ordre tombe : ‘’Canon droit , FEU ! ‘’ .
La détonation est courte et puissante. Pour la première fois depuis le montage de ces canons, ils tirent sur l’ennemi. Cette batterie qui domine entièrement la vallée de la Moselle vers le Sud, va inquiéter les américains. L’impact du projectile est lointain. Une concentration de véhicules dans un petit bois est la première cible. ’’ Canon de droite, déflexion 2400, 40 de plus ! Prêt , FEU ! ’’. Le projectile passe légèrement au dessus de l’ objectif. Une autre correction et c’est un coup direct ! Les premiers camions brûlent .
Le feu concentré des deux canons touche directement la cible. De nombreux véhicules explosent. Les ennemies ont ’’la chiasse‘’, ils s’enfuient dans les bois, décrochants dans une grande panique. Ils abandonnent simplement le village. La prochaine cible est le pont en construction. Le ponton de bateaux est clairement visible. Rapidement l’équipement est détruit et les ’’amis’’ s’enfuient vers l’arrière. Les tirs durent pendant deux heures, en prévention de toutes tentatives de l’ennemie de traverser la rivière dans la matinée.
A midi , les américains font feu sur la batterie avec l’assistance d’un avion d’observation. Dans l’après midi , nous sommes pris sous un tir important d’artillerie légère et moyenne. Deux postes d’observations ennemis sont atteints par deux coups directs. Le pont d’Ancy est complètement détruit dans la journée , grâce à la ‘’Batterie Moselle‘’ .
Le 11 septembre, l’artillerie lourde ennemie se déchaîne et ouvre le feu sur notre position. Les obus de 210 mm tombent près de nous et creusent de grands cratères. Les américains veulent éliminer cette menace qui pèse sur leur flanc et leurs hommes. Dans la soirée, les américains après avoir traversé la Moselle au sud de Novéant, attaquent nos positions situées sur les hauteurs à l’Est de la rivière. Immédiatement notre batterie ouvre le feu et détruit la concentration ennemie.
Et c’est pendant ces combats que la tourelle de gauche reçoit un coup direct. Trois canonniers sont les victimes de ce tir. Une heure et demie plus tard, le canon est à nouveau opérationnel, commandé par un ancien artilleur : le lieut. Conen et trois autres hommes remplacent l’équipage du canon.
Le 12 septembre, troisième jour de la bataille, la ceinture défectueuse d’un projectile provoque l’éclatement du tube de gauche, mettant celui-ci hors d’action. Immédiatement des mesures sont prises et les ordres sont donnés pour remplacer le canon. Des recherches sont faites dans les nombreux corridors et chambres du Fort Driant. Finalement un tube est trouvé et remis en place.
C’est un dur travail de remettre complètement en état l’armement du Fort Driant. Mais les difficultés pour les munitions et les équipements sont vaincues. Après 6 jours , tous les canons du fort sont prêt pour l’action et prendront part à la défense contre les têtes de pont ennemies pour s’emparer de Metz et lutter contre la construction d’un pont prés d’Arnaville.
Les ordres sont maintenant de protéger ces batteries, et la ligne de combat est portée plus en avant et le Fort Driant en devient partie intégrante.
Le 24 septembre, avec l’école des élèves officiers de Metz et une majorité de jeunes lieutenants, nous avons le fort bien en main et nous somme prêt pour l’action. L’ excellent accomplissement de la tâche n’a été possible que par l’art de l’improvisation et l’entraide donnée par tous ces jeunes lieutenants et par leur détermination et leur inaltérable état d’ esprit.
Le 7 octobre , le rapport de l’OKW mentionne que la garnison du Fort Driant a repoussé une forte attaque ennemie, et que ce succès est à mettre au crédit de ces jeunes lieutenants du FAHNENJUNKERSHULE VI .
( Nota :A la fin du mois d’octobre 1944 ,les allemands feront sauter la batterie .Il semblerait que les 2 tourelles aient été endommagées par les tirs de l’artillerie US . )