Ancy-sur-Moselle, la libération!

By thanksGIs
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par Jean François Genet , avec les témoignages de
Charotte Chevreux, Jean Jacques Lauvray, Aldo Basso et Jacques Grossman

La libération d’Ancy-sur-Moselle est complexe à relater car d’une part elle est liée intimement à la réalisation de la tête de pont de Dornot ainsi qu’aux opérations de conquête du Fort Driant.
D’ailleurs il faudra attendre la reddition de ce dernier, soit le 8 décembre, pour considérer le village comme complètement libéré. Il faut dire que de part sa configuration,il n’y a rien d’étonnant : Etalé sur un axe Nord/Sud, le village est constitué de trois entités.
Au sud le hameau du Chêne qui sera occupé en partie dès le 8 septembre par l’armée américaine.
Le centre du bourg, appelé « Narien » change plusieurs fois de main, mais à partir du 18 septembre, il sera entièrement controlé par les troupes américaines.
Enfin plus au Nord le hameau de Rongueville qui devra attendre le 18 octobre pour être totalement conquis.
Mais entre ces extrêmes le village tout entier reste constamment à la merci de l’artillerie Allemande tirant depuis le groupe fortifié Verdun (St Blaise+Sommy) ainsi que du fort Driant.

Le village est évacué sur ordre des Allemands le 4 septembre.
La même mesure s’applique aux autres village du Val Messin.
Mais qu’est la situation à ce moment là?
Les américains arrêtés le 31 Aout à Verdun viennent d’être ravitaillés et reprennent leur marche en avant . Ils ne sont encore qu’à hauteur des côtes de Meuse selon un axe Vigneulles-les-Hattonchatel / Fresnes en Woeuvre / Jeandelize.
Trente kilomètres les sépare de la vallée de la Moselle. Seuls quelques esquadrons de reconnaissances arrivent en vue de Chambley.

Plutôt que d’obéir aux allemands qui souhaitent voir la population prendre le chemin de Metz, certains habitants se réfugient dans les bois et les champs, d’autres restent cachés dans leur cave. Suivons quelques uns de ceux-ci :
La famille Grossmann reste en lisière des bois sous les roches des Varieux ainsi que la famille Thirion.
Un abri de feuillage est confexionné et ils passent ainsi leur première nuit. Mais apparemment ils sont repérés par les allemands et le père de Jacques Grossman voit les obus se rapprocher de plus en plus prés du lieu de leur cachette. Un projectile traverse les feuillages et vient s’écraser quelques mètres au dessus de l’endroit où ils se trouvent. Miraculeusement il n’explose pas.
Le 5 au matin, le père prends alors la décision de redescendre au village pour se terrer dans la cave de la maison familliale. Ils y resteront jusqu’au 16 septembre puis seront évacués sur Gorze.

Les familles Basso, Delconte, Martinzi et Wiss quant à elles se sont engagées en direction de la Croix St Clément.
Elles découvrent un blockaus faisant partie des fortifications avancées du Fort Driant et s’y installent. Ils sont situés à mi-chemin de la Croix St Clément et du premier virage en épingle de la route redescendant au village. Un seul obus s’écrasant quelques dizaines de mètres plus bas viendra troubler leur séjour.
C’est de cet endroit que le 7 ou 8 septembre qu’Aldo Basso verra les premiers Américains descendre vers le village à bord d’une jeep. Ceux-ci sont pris à partie quelques centaines de mètres plus loin et remontent précipitamment.
Un peu plus tard, il verra une autre jeep équipée d’un brancard évacuer un homme blessé ou mort….Il ne saura jamais !
Aldo se souvient encore de ce jour : « On est remonté vers la Croix et avons été voir les Américains. Mon père voulait les prévenir de ce qu’il savait. Il y avait un matériel incroyable mais le contact n’a pas été possible à cause de la langue, on a néanmoins reçu chocolat, chewing-gum et cigarettes pour les adultes».
Il rajoute aussi« d’où nous étions on voyait parfaitement la vallée de la Moselle car la végétation n’était pas aussi luxuriante que de nos jours. J’ai vu en après-midi, dans les prés, le long de la Moselle des hommes courrir sous le feu . Je ne me doutais pas que j’assistaisà un évènement historique. Ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience que j’avais assisté à la tête de pont de Dornot » .
Ces familles seront évacuées vers Gorze le 8 au soir.


Aldo Basso et Jacques Grossman au cours de notre entretien

ean-jacques Lauvray à lui aussi suivi sa famille qui se réfugie en plein bois à hauteur de l’observatoire dans un gros blockauss qu’ils aménagent après l’avoir vidé des sacs de ciment qu’il contenait.
Ils redescendent au village le lendemain matin rechercher la vache et la chêvre.
C’est au cours d’un nouveau voyage, le 6, que son père découvre dans un champ Auguste Folliot mort atteint par une balle allemande tirée sûrement par une patrouille qui sillonnait les champs.
Il découvre aussi que ceux qui l’ont tué on cherché à le soigner , comme s’ils s’étaient aperçus de leur méprise…mais à cette date aucune force américaine n’est sur le secteur.
C’est le 8 qu’ils rencontrent les premiers américains.
Peu après, ils sont abordés par une patrouille allemande qui leur fait comprendre qu’ils les ont observés tout ce temps et pour le prouver, ils rapportent une partie du dialogue ainsi que le nom du chien de Jean-Jacques.
Apparemment démoralisés ces soldats allemands n’ont qu’un but, se maintenir au plus prêt des américains et se rendre à la première occasion favorable, en attendant , ils disparaissent.
Voyant des Américains partir vers la même direction le père de JJ Lauvray signale les faits. Une jeep part en reconnaisance et revient rapidement n’ayant rien aperçu de suspect.
La famille Lauvray restera en ces lieux jusqu’au 11 septembre entourés d’américains qui avaient installés des mortiers sur ces hauteurs.

Sur le secteur de Rongueville, dans les champs se trouvent d’autres familles dont celle de Charles Perrin.
Le 8 en AM un coup de feu claque. Mr Perrin tombe frappé mortellement.
Sa fille Charlotte plonge à terre mais trop tard. Ele reçoit une balle qui la transperce de part en part. Pénétrant par la cuisse elle ressortira au niveau le l’omoplate!
Affolée sa soeur appelle à l’aide,mais il faut attendre car les tireurs peuvent recommencer leur sale besogne.
Ce n’est que le lendemain matin qu’elle est redescendue dans les caves du chateau de Rongueville.
Il lui faudra attendre encore 24 heures avant de recevoir les premiers soins d’un médecin américain mais qui est obligé de se retirer. Le secteur passe de l’un à l’autre pendant des jours.  Les combats font rages. Ce n’est finalement que le 16 septembre qu’elle pourra être évacuée sur Gorze et soignée efficacement.

Charlotte Chevreux, fille de Charles Perrin, est la miraculée de cette libération.

A signaler aussi pendant cette période, les circonstances de la dispartion de l’Abbé Jacquat. Redescendu au village rechercher des hosties , il se fait prendre par les allemands.
Conduit à Metz, il est expédié vers l’Allemagne et sera fusillé dans une prison.
Mme Thirion sera, quant a elle, frappée par des éclats d’obus dans la nuit du 10 au 1.
Elle décèdera au petit matin.
Mr Emile Collignon sera tué par un éclat en traversant la rue St Vincent le 8 septembre.
Vers la fin du mois, le 25, c’est un FFI qui sera tué sur la place de la république alors que son chef est griévement blessé ainsi que trois habitantes d’Ancy.
Vers cette même période, le père de JJ Lauvray qui se trouve à Gorze, est mandaté par les américains pour aller prévenir les derniers habitants barricadés dans leurs caves d’évacuer le village car les troupes US préparent la première offensive en direction du Fort Driant.
Ils prennent la route d’Ancy en passant par Novéant pensant être mieux abrité. Mal leur en prend.
Sur l’aute rive, les Allemands qui tiennent Corny les aperçoivent et font feu mais heureusement sans toucher les deux hommes.
JJ Lauvray précise « un peu plus loin à hauteur du cimetière Allemand de 14, nous avons aperçus des cadavres Allemands. Une vingtaine environ. Ils étaient tout noir et boursoufflés. Une botte était là sur le bas côté avec un pied à l’intérieur….»

Aldo Basso confirme ce témoignage car lui aussi, avec son père, s’est fait tirer dessus presque au même endroit.
Des cadavres furent retrouvés jusqu’en mai 45. Nos trois témoins se lancent aveec insouciance à la « pêche aux fusils » : Armés de grappin ils draguent la Moselle et retirent des armes par centaines. Ils fouillent aussi les buissons et les fourrés. «Acette époque tout le monde était armé !
Des armes il en trainait partout. C’est par tomberaux entiers qu’elles étaient livrées aux gendarmes qui regardait tout celà d’un oeil réprobateur mais indugent.  Ils ont fait aussi de plus macabres découvertes…

l’église à la libération (ph. fournie par M. Gourlot)

Si vous possédez des photographies montrant le village à la libération vous pouvez nous le faire savoir ou encore nous les faire parvenir par e-mail
A autres sources documentaires : plaquette du 50ème anniversaire (1944-1994) – section locale Anciens Combatants
crédit photographique: JF Genet

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