Pournoy-la-Chétive, la libération.

By thanksGIs
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par JF Genet d’après le livre de Francis Petitdemange
« Pournoy-la-Chétive, un village lorrain et ses habitants dans la seconde guerre mondiale »

on peut se procurer le livre (75 pages – 43 photographies) auprès de l’association
Nous ne reprendrons pas, ici, l’histoire vécue par les troupes US, qui est décrite par ailleurs sous forme de texte, mais à la vie des habitants du village.

on peut se procurer le livre (75 pages – 43 photographies) auprès de l’association

Nous ne reprendrons pas, ici, l’histoire vécue par les troupes US, qui est décrite par ailleurs sous forme de texte, mais à la vie des habitants du village.

Pournoy-la-Chétive est située sur la ceinture fortifiée de Metz entre le Fort de l’Aisne et le groupe fortifié Verdun. On sait que les Allemands décident de réoccuper et de réarmer ces forts pour résister à la IIIe Armée du général George Patton et lui boucher la porte de Metz.
Pournoy-la-Chétive devient un lieu de combat et les habitants restés au village vont se retrouver au milieu de la bataille.

A partir du 8 septembre, les habitants de Pournoy-la-Chétive passent la nuit dans les caves. La famille Cailloux se retrouve dans celle de la maison du maire. Le jour, ils vaquent à leurs occupations habituelles alors que de l’autre côté des côtes, dans la vallée de la Moselle, se déroulent les combats de la tête de pont de Dornot, puis à partir du 10 septembre le franchissement de la Moselle à hauteur d’Arnaville et l’occupation des hauteurs au nord d’Arry par le 10e régiment d’infanterie américain.
Les habitants vivent sous le bruit du canon et en levant la tête aperçoivent les fumées des déflagrations sur le Groupe Fortifié Verdun.

Vue de la place de la Fontaine après 1918

Le 15 septembre correspond à la volonté des Américains d’élargir la tête de pont d’Arnaville avec comme objectif les villages de Lorry, Mardigny, Marieulles et des villages de la Basse-Seille.
Le samedi 16 septembre, les premières bombes américaines tombent sur Pournoy-la-Chétive: une partie de la maison de la famille Jullière, un tas de fumier déposé devant un des bâtiments appartenant à la famille Schmisser et un terrain de la ferme louée par la famille Calba brûlent.

Le 16 septembre, un premier obus américain tombe sur la ferme de Bury. Les Allemands qui ont occupé la cour pendant un moment, ne s’y trouvent plus. En l’absence de réaction, deux éclaireurs américains passent par une brèche faite dans un mur de la grange et surprennent la famille Mique en plein repas. L’officier qui les accompagne parle le Français et demande des renseignements. Emile Micque, le père, localise pour les Gi’s les différents postes de défense allemands. Les Américains retournent dans le bois et quelques heures plus tard la position allemande, disposée le long d’une route à l’abri des peupliers dans la direction de la ferme de Sabré, est visée et détruite.

 
la ferme de Bury en 1940

Le 17 septembre est le jour où commence la contre-attaque générale allemande, puis le 18 septembre, le village de Pournoy-la-Chétive est systématiquement bombardé.

Du 18 au 20, l’objectif était la prise des trois villages de la rive ouest de la Seille : Sillegny, Coin-sur-Seille et Pournoy-la-Chétive .

C’est alors un ballet de feu et d’acier sur terre et dans le ciel, avec les chars Sherman, les chasseurs-bombardiers américains et les panzers. Le combat est sanglant, l’artillerie des deux camps pilonnant tour à tour le village. Ce même jour, les habitants qui se terrent dans les caves reçoivent l’ordre de se tenir prêts pour quitter le village à midi en direction de Fleury sous peine d’être fusillés deux heures plus tard. Ils vivent des instants dramatiques. Faut-il obéir aux Allemands et risquer de se faire tuer par un obus ?

Vue sur l’église en ruines

En début d’après-midi, les soldats des compagnies d’infanterie Américaines, positionnés près de la ferme de Bury, partent en direction du village. Le terrain est découvert, pratiquement plat. Sous les canons et les mortiers, il leur faut plusieurs heures pour parcourir deux kilomètres puis s’emparer d’une partie du village.

Les habitants de Pournoy-la-Chétive voient leurs premiers libérateurs. Est-ce la fin du cauchemar ? Non, car la contre-attaque allemande voit s’affronter les chars Sherman et les tanks destroyers contre les blindés de la 106e Panzerbrigade. La bataille fait rage dans les rues de Pournoy-la-Chétive. Le bruit des obus, des balles, la fumée, les éclats des projectiles, isolent encore davantage les civils dont la tension nerveuse est extrême. L’on prie dans les caves alors que dehors un furieux corps à corps s’est engagé dont on perçoit les bruits mais dont on ne voit rien. Des blessés sont amenés dans les caves, déposés pêle-mêle sur la literie.

Les habitants de Pournoy-la-Chétive, et parmi eux des enfants, découvrent l’horreur de la guerre. De jeunes gars, Américains ou Allemands, crient, râlent puis meurent. Les Américains évacuent leurs morts et leurs blessés sur la ferme de Bury. Julienne Cailloux l’écrit : la situation devenait intenable. Les Américains doivent dans un premier temps se retirer du village.

En novemre 2000, les soeurs Cailloux visitant l’abri où elles se sont réfugiées. A leur droite, Georges Mique, qui lui se trouvait à la ferme de Bury, à 200m.

Apeurés, harassés, salis par la boue qui recouvre toute la campagne en raison des conditions climatiques, et ne se sentant toujours pas en sécurité, les membres de la famille Cailloux vont poursuivre leur chemin vers Marieulles en suivant les chemins tracés pour éviter les mines.
En fait ce sont les Américains qui font évacuer les lieux parce qu’ils craignent de devoir abandonner leurs positions dans la vallée de la Basse-Seille et ne veulent pas laisser des civils derrière eux, de peur de représailles.
A cinq heures du matin, la famille Micque doit charger ses affaires sur des charrettes et à travers champs, quitter la ferme. Leur troupeau de vaches et leurs chevaux les suivent. Ils parviennent finalement le 24 septembre à Lorry-Mardigny où ils sont accueillis et réconfortés par les soldats américains.
Le 25 septembre sous les contre-attaques successives des Allemands, les Américains qui ont subit d’énormes pertes abandonnent le village et se replient sur les côtes de Moselle. Le village n’est plus qu’un champ de ruines.

La carcasse d’un char léger Allemand au milieu du village

Pournoy-la-Chétive n’a finalement été libérée que quelques jours après le 8 novembre, date de la nouvelle offensive générale américaine.
En effet, alors que le 10e régiment d’infanterie franchit la Seille près de Pommérieux le 9 novembre 1944, c’est le 11e régiment d’infanterie, parti d’Arry, qui libère sans combat Sillegny puis Pournoy-la-Chétive le 13 novembre. Les villages sont alors vides. Toutes les maisons sont détruites, des terres parsemées d’obus, de bombes, de mines qui se dissimulent encore malgré le déminage, un cheptel anéanti ou volé, l’absence totale de matériels agricoles et de semences, des vergers saccagés, des habitants démunis de tout dans une période où le ravitaillement reste difficile et dans une région dévastée, telle est la situation dans laquelle se trouvent le village de Pournoy-la-Chétive et ses habitants plusieurs mois après la fin de la guerre en Europe.

Après cinq années d’éloignement et d’inquiétudes, les habitants se retrouvent dans des conditions précaires malgré les efforts du Ministère de la Reconstruction et des gestes de solidarité . Peu de communes en France ont cumulé en proportion autant de destructions si l’on excepte celles qui ont subi les représailles de la division Das Reich comme les bourgs d’Oradour-sur-Glane ou de Maillé. Si aucun habitant n’est décédé sur ses terres à cause de la guerre, Pournoy a le triste privilège avec Maizières, Fort Driant et Dornot d’avoir été un lieu de batailles parmi les plus acharnées de la bataille de Metz.

Il faudra attendre 1946 pour voir ce village réoccupé dans des baraquements et retrouver un semblant de vie normale.

en haut une vue sur les ruines

en bas , un mariage dans la chapelle provisoire

Crédit photographique: Collections privées – ©
Texte: Francis Petitdemange – ©

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