Pournoy-la-Chétive n'a finalement
été libérée que quelques jours après le
8 novembre, date de la nouvelle offensive générale américaine.
En effet, alors que le 10e régiment d'infanterie franchit la Seille
près de Pommérieux le 9 novembre 1944, c'est le 11e régiment
d'infanterie, parti d'Arry, qui libère sans combat Sillegny puis Pournoy-la-Chétive
le 13 novembre. Les villages sont alors vides.
Toutes les maisons sont détruites, des terres parsemées d'obus, de bombes, de mines qui se dissimulent encore malgré le déminage, un cheptel anéanti ou volé, l'absence totale de matériels agricoles et de semences, des vergers saccagés, des habitants démunis de tout dans une période où le ravitaillement reste difficile et dans une région dévastée, telle est la situation dans laquelle se trouvent le village de Pournoy-la-Chétive et ses habitants plusieurs mois après la fin de la guerre en Europe.
Après cinq années d'éloignement
et d'inquiétudes, les habitants se retrouvent dans des conditions précaires
malgré les efforts du Ministère de la Reconstruction et des
gestes de solidarité .
Peu de communes en France ont cumulé en proportion autant de destructions
si l'on excepte celles qui ont subi les représailles de la division
Das Reich comme les bourgs d'Oradour-sur-Glane ou de Maillé. Si aucun
habitant n'est décédé sur ses terres à cause de
la guerre, Pournoy a le triste privilège avec Maizières, Fort
Driant et Dornot d'avoir été un lieu de batailles parmi les
plus acharnées de la bataille de Metz.
Il faudra attendre 1946 pour voir ce village réoccupé dans des baraquements et retrouver un semblant de vie normale.
Apeurés, harassés, salis
par la boue qui recouvre toute la campagne en raison des conditions climatiques,
et ne se sentant toujours pas en sécurité, les membres de la
famille Cailloux vont poursuivre leur chemin vers Marieulles en suivant les
chemins tracés pour éviter les mines.
En fait ce sont les Américains qui font évacuer les lieux parce
qu'ils craignent de devoir abandonner leurs positions dans la vallée
de la Basse-Seille et ne veulent pas laisser des civils derrière eux,
de peur de représailles.
A cinq heures du matin, la famille Micque doit charger ses affaires sur des
charrettes et à travers champs, quitter la ferme. Leur troupeau de
vaches et leurs chevaux les suivent. Ils parviennent finalement le 24 septembre
à Lorry-Mardigny où ils sont accueillis et réconfortés
par les soldats américains.
Le 25 septembre sous les contre-attaques successives des Allemands, les Américains
qui ont subit d'énormes pertes abandonnent le village et se replient
sur les côtes de Moselle. Le village n'est plus qu'un champ de ruines.
Le 15 septembre correspond à la
volonté des Américains d'élargir la tête de pont
d'Arnaville avec comme objectif les villages de Lorry, Mardigny, Marieulles
et des villages de la Basse-Seille.
Le samedi 16 septembre, les premières bombes américaines tombent
sur Pournoy-la-Chétive: une partie de la maison de la famille Jullière,
un tas de fumier déposé devant un des bâtiments appartenant
à la famille Schmisser et un terrain de la ferme louée par la
famille Calba brûlent.
Le 16 septembre, un premier obus américain tombe sur la ferme de Bury. Les Allemands qui ont occupé la cour pendant un moment, ne s'y trouvent plus. En l'absence de réaction, deux éclaireurs américains passent par une brèche faite dans un mur de la grange et surprennent la famille Mique en plein repas. L'officier qui les accompagne parle le Français et demande des renseignements. Emile Micque, le père, localise pour les Gi's les différents postes de défense allemands. Les Américains retournent dans le bois et quelques heures plus tard la position allemande, disposée le long d'une route à l'abri des peupliers dans la direction de la ferme de Sabré, est visée et détruite.
Pournoy-la-Chétive est située
sur la ceinture fortifiée de Metz entre le Fort de l'Aisne et le groupe
fortifié Verdun. On sait que les Allemands décident de réoccuper
et de réarmer ces forts pour résister à la IIIe Armée
du général George Patton et lui boucher la porte de Metz.
Pournoy-la-Chétive devient un lieu de combat et les habitants restés
au village vont se retrouver au milieu de la bataille.
A partir du 8 septembre, les habitants
de Pournoy-la-Chétive passent la nuit dans les caves. La famille Cailloux
se retrouve dans celle de la maison du maire. Le jour, ils vaquent à
leurs occupations habituelles alors que de l'autre côté des côtes,
dans la vallée de la Moselle, se déroulent les combats de la
tête de pont de Dornot, puis à partir du 10 septembre le franchissement
de la Moselle à hauteur d'Arnaville et l'occupation des hauteurs au
nord d'Arry par le 10e régiment d'infanterie américain.
Les habitants vivent sous le bruit du canon et en levant la tête aperçoivent
les fumées des déflagrations sur le Groupe Fortifié Verdun.
Nous ne reprendrons pas, ici, l'histoire vécue par les troupes US, qui est décrite par ailleurs sous forme de texte, mais à la vie des habitants du village.
en haut une vue sur les ruines
en bas , un mariage dans la chapelle provisoire